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ARMELLE ET CLAUDE

anxieux et troublés, ainsi qu’à l’approche d’un événement formidable.

Ils frissonnèrent. Claude épia les lèvres d’Armelle. De petits mouvements nerveux les convulsaient. Celle du bas s’avançait, humide et sensuelle, et se creusait comme sous le poids d’un baiser. De tout son désir il imagina sa bouche, à lui, là, sur ce nid de chair délicate.

Les lèvres se firent coquettes, et douces, et boudeuses, et souriantes. Claude en suivait, affolé, le manège provocant. Et il les vit qui balbutiaient d’incohérentes syllabes. En même temps Armelle s’abandonnait, et elle murmura :

— Prenez-les donc, Claude, prenez-les.

Il les prit. Ce fut un âcre et féroce baiser, une sorte de choc brutal. Les dents se heurtèrent et mordirent. Les gencives furent meurtries.

Ils s’embrassèrent éperdument, au delà des bouches, très loin, jusqu’au fond de leur être. La caresse était sans limites.