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ARMELLE ET CLAUDE

— Oui, Armelle, je vous aime exclusivement, méchamment, avec ruse et colère… Je cherche par où vous attaquer. L’idée de vous faire du mal ne m’effraye pas, vous êtes presque mon ennemie… mais je vous adore…

— Détestez-moi, Claude, si c’est une condition de l’amour.

Et il lui disait aussi :

— Il y a vous, et en dehors de vous, rien. Je crois maintenant que je resterais indifférent à toute la nature, aux nuits d’été, aux lacs et aux forêts, car je ne les verrais pas… je ne vois que votre image… vraiment, Armelle, je sens que vous vivez moins en vous qu’en moi, et vous devez sentir que c’est ma vie dont vous vivez.

Elle lui saisit les bras et, dans un effort haletant vers quelque mot qui exprimât l’affolement de son amour, elle balbutia :

— Claude, Claude… je t’aime… je t’aime plus que je t’aime…

Il la serra contre lui. Leurs regards avides se pénétrèrent. Alors ils se virent