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ARMELLE ET CLAUDE

leversés pour savoir. Mais il leur semblait que leurs minutes d’exaltation les plus puissantes ne leur avaient jamais donné, autant qu’un regard de Paul, la sensation profonde de l’amour. À côté de cela, tout leur paraissait froid, compassé, raisonnable. Le flot de leurs anciennes croyances, de leurs habitudes, de leur façon de juger et de comprendre, les envahissait soudain et noyait leurs idées et leurs espérances nouvelles. C’était un grand tumulte, un désordre incroyable. Ils ne voyaient plus en eux ni autour d’eux. L’ombre les étouffait. Seul rayonnait, comme un exemple et comme un remords, l’amour de Paul.

Une épreuve plus rude les attendait. Le désir du jeune homme s’éveilla. Une appréhension sourde en avertit Claude, et dès lors il perdit tout contrôle sur lui-même. Ce désir l’indignait. Son imagination le lui révélait rôdeur, fureteur, audacieux. C’était une ignominie qui flétrissait Armelle. Lorsque Paul la frôlait de ses mains fiévreuses ou de ses yeux troubles, il lui pre-