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ARMELLE ET CLAUDE

sa marche rapide, sûr de conquérir son but si le permettaient les circonstances extérieures, ils songeaient à leur amour complexe, indécis, peureux, sans issue ni certitude, embarrassé de digues et de murs. Lequel se développait selon la logique ? lequel se rapprochait davantage de la nature et de la vérité ?

Ils doutèrent d’eux. La vieille conception de l’amour les hanta. Claude se souvenait des voluptés définies qu’il lui devait, et Armelle regrettait tout au moins de ne point connaître ce bonheur partiel. Y avait-il rien de mieux que l’agenouillement de cet enfant ? rien de mieux que d’être prêt comme lui à se sacrifier sur un signe, à mourir sur un ordre ? Combien peu lui importaient sa dignité, son avenir, sa conscience, le souci de remplir sa tâche ? Aimer, aimer jusqu’à n’être plus soi, aimer jusqu’à croire que son âme palpite et que son cœur bat en qui l’on aime, n’est-ce pas l’unique idéal ?

Ils ne savaient pas. Ils étaient trop bou-