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ARMELLE ET CLAUDE

allure était légère, d’un rythme puissant et d’une jeunesse incomparable.

— Vous avez une marche de petite fille, lui dit-il, de petite fille posée, en plein équilibre et qui sait où elle va. Il y a tant de femmes qui ont besoin du bras d’un homme. Vous, on ne vous voit au bras de personne.

— Dois-je donc marcher seule dans l’existence ? demanda-t-elle.

Ils avaient parlé gravement, sans intention flatteuse d’une part ni provocante de l’autre. Loin des foules et des lumières, leur gêne se dissipait. La nuit aime les confidences. L’ombre les induisit à plus de hardiesse, et ils dirent des choses à propos de l’amour.

Ils convinrent aussitôt que la vie en suit les fluctuations heureuses on malheureuses avec la docilité d’une épave. Mais l’accord cessa sur la place qu’il doit tenir. Armelle la limitait. Claude la voulait infinie.

— Comment assigner des bornes à ce qui est notre essence ? dit-il. Ceux qui n’ai-