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ARMELLE ET CLAUDE

niâtre de toutes ces questions lorsqu’il s’arrêta et tendit l’oreille. Du manoir partait un bruit de chant mêlé aux accords assourdis d’un piano. Armelle chantait.

Il ne l’avait jamais entendue, et il ne savait même pas qu’elle chantât. Aussitôt il se dit :

— Armelle fait pour ce gamin ce qu’elle n’a pas fait pour moi.

Il n’eut pas le loisir d’hésiter. L’idée hargneuse le poussait. De force elle le mena vers la maison jusqu’à la pièce du rez-de-chaussée qui servait de salon à Mlle de Rhuis.

Il ouvrit la porte. À la lueur d’une bougie, ils les vit tous deux, Armelle assise au piano, Paul debout près d’elle. Ils ne s’aperçurent pas de son entrée. Il écouta.

Elle disait une chanson mélancolique où des matelots invectivaient la mer bretonne, où des paysans accusaient la lande sauvage, et où matelots et paysans ne chérissaient que la mer et que la lande. Et elle en dit une autre toute d’amour frais et gracieux.