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ARMELLE ET CLAUDE

laissa percer aucun signe d’agacement. Mais, après une troisième visite, Armelle eut l’imprudence de s’écrier par plaisanterie :

— Vraiment, je crois que l’infortuné est en train de tomber amoureux de moi. Il rougit, il pâlit, il soupire…

Aussitôt elle se rendit compte de sa maladresse. La figure de Claude se contractait. Il parvint à dire d’un ton indifférent :

— Faites attention, Armelle, il arriverait à vous ennuyer.

Elle lui prit la main spontanément.

— Soyez sans crainte, mon cher Claude, je ne veux être aimée que de vous, votre amour contient tous les amours.

Il garda sa main dans les siennes. Il la flattait légèrement. De l’index il suivait les veines bleues et montait le long des doigts effilés. Puis, la retournant, il descendait jusqu’au poignet délicat. À la clarté du feu, elle semblait presque transparente, très pure, avec des lignes plus roses couleur d’aurore. Puis il la porta vers sa bouche et en baisa la paume tiède.