Page:Leblanc - Armelle et Claude, 1897.djvu/18

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
8
ARMELLE ET CLAUDE

de marionnettes qu’ils agitaient au bout de leur poing et dont ils prônaient le costume, le mécanisme, les diverses singularités.

Qu’apprirent-ils ? Peu de chose. Claude sut que Mlle de Rhuis inspirait à son père une confiance et un respect illimités, qu’elle ne se souciait pas des médisances et n’acceptait de contrôle ni dans ses façons d’agir ni dans le choix de ses relations. Lui, de son côté, déclara son goût pour les exercices violents, pour les belles reliures anciennes et pour les voyages à travers la France en quête de petites villes bizarres.

Mais sous le réseau factice des paroles, quelque chose allait de l’un à l’autre qu’ils ne voyaient ni n’entendaient, quoiqu’ils s’en rendissent compte comme d’un courant de chaleur dans l’air froid. C’était l’accord de leurs pensées inexprimées et de leurs instincts profonds. Les êtres s’accouplent silencieusement, en dehors de toute manifestation et sans que l’on soupçonne la raison de ces mariages invisibles. Très souple en sa robe de soie changeante dont le tissu lâ-