Page:Leblanc - Armelle et Claude, 1897.djvu/176

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
166
ARMELLE ET CLAUDE

la douleur. Ils n’auraient pu dire qu’ils souffraient. Bien souvent néanmoins leurs larmes avaient envie de couler. Et leurs voix prenaient des intonations humbles et timides.

La cause de leur détresse les privait à la fois de réconfort, car tout geste d’affection leur était interdit, et ce geste seul les aurait consolés de cette interdiction. Comme il eût été bon de s’enlacer selon la gentille coutume qu’ils en avaient prise ! Nulle arrière-pensée voluptueuse ne les stimulait, mais un grand désir d’abandon et de détente. L’épaule d’Armelle attirait Claude comme l’unique refuge, et Armelle ne songeait qu’à bercer la tête de Claude entre ses mains maternelles.

Et ils ne se lassaient point d’évoquer leur enfance, en des entretiens qui les montraient l’un à l’autre si fragiles qu’ils étaient encore plus dispos à s’attendrir. Et les routes obliques se conformaient à la même direction immuable. Aux arbres et aux talus ils cueillaient les fleurs et les ronces