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ARMELLE ET CLAUDE

que je ne peux croire qu’elle fût heureuse, elle qui ne vous connaissait pas. Sa vie est abandonnée et froide. Et cela me fait plaisir que vous la regardiez, comme si votre regard la réchauffait en ma pensée.

— Parlez-moi d’elle, répéta Claude, racontez-moi des choses sur elle… Je veux la voir grandir, devenir vous.

La soirée fut douce, et d’aussi douces journées succédèrent où les captiva de même le récit de leur enfance. Ils obéissaient à un besoin nouveau de se pénétrer par les voies les plus diverses. Ces confidences ne tombaient plus dans le vide. Ils s’écoutaient avidement. Sous leurs propres yeux ils avançaient ensemble, et, chacun cheminant le long de sa route, ils imaginaient que ces deux routes tendaient toujours à se rapprocher. Qu’eussent-ils fait, sinon d’aller l’un vers l’autre, puisque leur raison de vivre était l’un en l’autre ?

Ils s’aimèrent avec plus de tendresse, sentiment des faibles et des vaincus, qu’ignore l’amour heureux et qu’enseigne