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ARMELLE ET CLAUDE

plus. Leurs mains ne s’enlaceraient plus. Ils en avaient acquis la preuve navrante, l’autre soir, sur la terrasse où, par intuition brutale qu’ils se heurtaient à des obstacles invincibles, ils avaient dû renoncer aux délices des caresses.

Ainsi l’avenir les harcelait déjà de son incertitude. Il exigeait qu’on s’occupât de lui. Il présentait ses deux solutions d’amour chaste et d’amour instinctif, et bien qu’ils n’hésitassent jamais à choisir l’une en dépit de son insuffisance, ils n’en songeaient pas moins à l’autre plus qu’il n’eût fallu.

— Oh ! Claude, dit Armelle, un soir taciturne où leurs pensées se cherchaient, Claude, les plus grands bonheurs sont parfois si semblables aux plus grandes douleurs qu’on ne sait si l’on est heureux ou malheureux ?

— Nous sommes heureux, Armelle, et nous avons peur.

Retournant dans la ville, ils lui trouvèrent de jolis attraits. Elle cache soigneusement des coins de calme où s’épanouit