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ARMELLE ET CLAUDE

des hautes barrières qui s’interposent entre les êtres. Tout effort se heurte à de nouveaux obstacles, murailles massives, effroyables banquises qu’il faut casser à coups de hache ou user par le frottement patient des formules banales.

Alors ils se décidèrent à parler d’eux, ce qui est un hommage après tout, puisque, en se montrant comme on est ou comme on cherche à paraître, l’on marque l’espoir de plaire. Et ils en parlaient allègrement.

— Moi, disait l’un…

— Moi, répondait l’autre…

Ainsi que des balles bondissaient les affirmations positives. Toute révélation entrainait une riposte aussi catégorique. Et comme, le plus souvent, nous règlent au début l’ambition d’être agréable et la crainte de froisser, ils semblaient n’avoir qu’un sentiment sur toutes choses, que des passés identiques et des conduites parallèles. Chacun s’introduisait de force dans le moule qu’il supposait préféré par l’autre. Ils s’entretenaient moins d’eux-mêmes que