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ARMELLE ET CLAUDE

de clairvoyance, s’opposât à la tentation. Il leur eût peut-être suffi d’en parler pour en discerner au juste l’importance. Aucun ne s’y décida.

Ils se souvenaient aussi, Claude de la lassitude cruelle qui le guettait aux bras de ses maîtresses, Armelle de l’aveu qu’il lui en avait fait dès les premiers jours. Savaient-ils si leur amour échapperait à cette loi impitoyable ?

Et non plus ils n’oubliaient, elle, combien jadis l’exaspérait le désir des hommes, lui, avec quelle amertume elle s’en était plainte. De ce que, durant leur voyage, elle avait goûté presque voluptueusement le trouble discret que l’on domine et que l’on confesse en souriant, pouvait-on conclure à sa soumission devant le désir mâle qui veut et qui agit ?

Et des causes morales plus obscures, de vieux préjugés, des principes mondains dont ils croyaient toute trace abolie, la peur d’une déchéance, leur orgueil engagé dans la lutte, formaient autant d’entraves qui