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ARMELLE ET CLAUDE

Le soleil du couchant disparut et l’on eût cru qu’il venait, par-dessous la terre, se mêler à l’incendie du levant. Tout l’horizon s’emplit de flammes qui tourbillonnaient ainsi qu’une fumée de feu. Et du foyer ardent sortit la pâle lune.

Des caresses, des caresses seules, pouvaient répondre à l’élan douloureux de leur extase. Leurs mains et leurs lèvres se cherchèrent. Mais, au premier contact des doigts, avant que leurs bouches se fussent trouvées, un mouvement brusque et simultané les éloigna l’un de l’autre. Ils restèrent un moment éperdus. Puis ils firent un geste encore pour se reprendre. Ce fut en vain. Alors ils ne bougèrent plus.

Des paysages charmants se superposèrent à la mer et ouvrirent sur l’infini des espaces illusoires semés d’herbes rouges, irisés de lacs multicolores, égayés de lagunes paisibles. Ils ne les voyaient point. Ils ne voyaient plus rien. Ils songeaient à Succinio où leurs mains s’étaient jointes simplement, à Josselin où Armelle avait pleuré