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ARMELLE ET CLAUDE

s’étonnaient de les dire et de les entendre. C’était d’ailleurs un sujet continuel d’étonnement que cet amour inattendu, et ils en causaient comme d’un miracle auquel ils avaient peine à croire. Mais à la suite d’un refroidissement, Mlle de Rhuis dut garder la chambre pendant plusieurs jours, et une réserve assez inexplicable leur interdit de se réunir chez elle.

Ils s’écrivirent alors de longues lettres où leur amour prenait une couleur plus violente et marquait une sorte de fougue plus instinctive, presque douloureuse, des lettres où ils se disaient des choses qu’ils n’eussent point dites de vive voix. Souvent ils se contemplaient à travers la vitre des fenêtres et la trame de la pluie. Le soir, leurs rêves entre-croisés venaient voleter autour de leur lampe comme des papillons ivres de lumière.

Armelle remise, ils n’osèrent cependant s’aventurer sur les grand’routes, et bien qu’ils s’y fussent refusés jusqu’alors, ils entrèrent dans Guérande. Peut-être, en