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ARMELLE ET CLAUDE

silencieux l’un en face de l’autre tout en faisant les simples remarques de vie que la vie offre, qu’inspire le coudoiement des foules ou bien les spectacles extérieurs. Ainsi, peu à peu, apparaîtrait la vérité de chacun.

Mais le silence n’est rempli qu’après l’échange de certaines phrases plus intimes, et le leur était si vide qu’ils eurent hâte de le combler à l’aide de mots quelconques. Ils devinèrent leur angoisse mutuelle. De quoi causer ? Répugnant à faire de l’esprit ou à disserter à tort et à travers, ils n’osaient davantage, par une fausse honte assez commune, donner à leur conversation un tour plus élevé. Sait-on à qui l’on s’adresse et si telle parole précieuse ne passera pas inaperçue ?

En réalité il s’intimidaient l’un l’autre, malgré leur habitude de situations analogues. Jamais, sans doute, ils n’avaient désiré prendre contact aussi rapide et aussi essentiel avec telle personne rencontrée. Et c’est en ce cas surtout que l’on s’avise