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ARMELLE ET CLAUDE

nous tendions, Claude, nous aimer, surtout nous aimer bien, voilà le rêve qui se cachait sous les phrases.

— Oh ! Armelle, est-il d’autre rêve possible entre l’homme et la femme ?… Ce qui fut notre rêve à nous, c’est de nous aimer suivant un idéal plus noble et plus rare, et nous nous aimons de la sorte.

Un orgueil surhumain les éleva, comme s’ils fussent parvenus à quelque cime inaccessible d’où ils découvraient l’audace du chemin effectué. Un air plus pur les baignait. Il n’y avait rien autour d’eux que l’immensité. Dans leur ivresse, ils se rapprochèrent encore l’un de l’autre.

— Je vous aime, Claude, mon amour a grandi à l’ombre de l’ignorance… je n’ai rien fait pour vous aimer… je ne savais pas que je vous aimais… et depuis que je le sais, je m’aperçois que vous êtes toute ma vie.

Il goûta délicieusement la saveur de l’aveu.

— Moi non plus, je n’ai pas appelé l’amour, il est venu à mon insu comme une