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ARMELLE ET CLAUDE

Ils furent fiers l’un de l’autre, comme si ces noms les eussent dotés de quelque mérite spécial. Leurs yeux voguaient plus librement sur l’étendue, depuis qu’ils avaient proclamé leur affranchissement, et ils la dominaient d’une hauteur plus grande qu’autrefois.

Il affirma :

— Nous nous aimons, Armelle.

— Oui, Claude, nous nous aimons.

Moins qu’à eux-mêmes, ils s’adressaient aux choses environnantes, à tous les témoins de leurs débuts indécis, à l’enceinte, aux créneaux, aux collines, aux marais. Là où jadis ils avaient offert le spectacle de deux indifférents qui se promènent en quête d’impressions, ils se délectaient à crier leur amour. Ils eussent voulu que tout participât à leur félicité. Débordants de gratitude, ils remerciaient les choses et leur jetaient comme une bonne nouvelle dont elles devaient se réjouir :

— Nous nous aimons, nous nous aimons.