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ARMELLE ET CLAUDE

heur. Cela devait s’épandre en mots, en gestes ou en regards. Armelle versa des larmes. Leurs doigts frémirent comme des feuilles. Ils ne respiraient plus. Claude dit :

— Je vous aime !

Elle ferma les paupières, elle ferma les mains. Et il lui sembla, dans son trouble, qu’elle fermait des portes afin de retenir tout l’infini de sa joie.

— Je vous aime, murmura-t-elle.

Ils eurent une minute de vertige. Le bonheur les étourdissait. Ils étaient comme de petits enfants épouvantés. Ils furent sur le point de se jeter dans les bras l’un de l’autre pour se demander secours. Et ils furent également sur le point de s’enfuir loin l’un de l’autre pour ne plus se revoir jamais. Trop heureux ils palpitaient d’une angoisse sacrée…

À travers ses pleurs Armelle sourit. Ils redevinrent maîtres de leur joie. Claude répéta :

— Je vous aime.

Ils s’aimaient. C’était donc pour cela que