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ARMELLE ET CLAUDE

— Je vous remercie, Armelle.

— Moi aussi, Claude, je vous remercie.

Ils ne songeaient plus à la lande ingrate. Qu’importaient que les choses fussent belles ou laides ! les plus nobles forêts et les horizons les plus magnifiques ne les eussent point occupés davantage, car il ne leur était plus nécessaire d’ouvrir les yeux et les oreilles pour que le charme de la nature doublât le charme de leurs pensées.

La jeune femme entoura de son bras la tête de Claude. Ils rêvèrent, et Claude dit :

— Vous souvenez-vous, Armelle ? Il n’y a pas longtemps, quoique je n’aie plus de souvenirs avant ceux de notre vie commune… vous souvenez-vous de notre première rencontre ? Comme notre sympathie s’est épanouie en quelque chose de large et de superbe ! Nous avons été récompensés de notre confiance et cependant nous ne savions pas où nous allions. Des mots dirigeaient notre espérance vague. Vous souvenez-vous de nos doutes ? Un jour, j’ai eu si peur de moi que je voulais m’enfuir…