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ARMELLE ET CLAUDE

petits êtres chétifs sur qui elle s’abat comme sur les plus robustes. Et il en serait ainsi de la joie que vous auriez à voir la joie d’une plante qui pousse ou d’une eau qui court. Armelle, voilà ce que nous a valu la nature, une puissance d’émotion extrême, de la compréhension, de l’amour pour tout ce qui est en dehors de nous.

Elle lui dit :

— Est-ce bien à la nature seulement que nous sommes redevables ? Faut-il la remercier, elle seule, et personne autre ?

— Non, non, s’écria-t-il, exalté par ce qu’elle insinuait si doucement, c’est à nous surtout que nous sommes redevables. Avant de la solliciter nous étions unis déjà. Notre intimité est la cause première de nos victoires, et ce n’est pas à chacun de nous que la nature s’est offerte, mais à nous deux ensemble.

Ils furent pleins d’orgueil et de reconnaissance. Leur part d’initiative était la même, et la même également leur part de butin.