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ARMELLE ET CLAUDE

et par là nous nous libérons de toute limite et nous bénéficions de tous ses trésors.

Armelle désigna le bois de sapins.

— On dirait des arbres fabriqués de main d’homme, par des ouvriers qui n’ont pas osé rompre la symétrie des branches. Et cependant, comme ils sont touchants Comme ils attendrissent avec leur air de petits malades qui s’acharnent à la lutte On a pitié au point d’en pleurer. On voudrait les embrasser, les tenir au chaud contre sa poitrine…

La rosée des larmes mouillait ses yeux. Il en coula sur ses joues. Une fois encore, Claude fut gonflé de paroles affectueuses dont la signification lui demeurait inconnue. Ce furent d’autres qui jaillirent dans le silence, mais sa voix les imprégnait d’un sens qu’elles n’avaient point.

— Armelle, croyez-vous que la vue de ces arbres suffirait à vous faire pleurer ? Non. Vous pleurez parce qu’ils vous imposent l’intuition de toutes les misères, parce qu’il y a de la douleur dans le monde et de