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ARMELLE ET CLAUDE

soit, nous trouvons quand même la grâce qui lui est propre.

— Oui, fit Armelle. La nature est toute nue ici, loqueteuse comme une pauvresse, mais il y a toujours quelque chose que l’on peut aimer en elle.

Ils en parlaient ainsi que d’une personne. Et c’est bien un être en effet pour qui la chérit, un doux être de bonté et de simplicité, un être de puissance et d’action. Il est à notre mesure, parcelle de Dieu qui nous est octroyée, image de l’infini que nous pouvons sentir. Il attend ceux qui viendront, il accueille ceux qui l’aiment, et à chacun il livre tout ce qu’il possède.

— Comme nous l’aimons ! reprit Claude. Nous ne sommes plus à son égard cette sorte de masse compacte que l’on reste d’ordinaire en face d’elle. Pourquoi se resserrer, se concentrer autour de ce petit point qui est soi, quand il est si bon, au contraire, de se laisser dissoudre comme un bloc de sel qui se mêlerait à l’eau de la mer ? Nous devenons la nature elle-même,