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ARMELLE ET CLAUDE

La désolation de ces lieux les surprit. S’y étant engagés, ils perdirent la vue apaisante du vallon, et ils n’eurent plus autour d’eux qu’une plaine sauvage et pelée. Des affleurements de granit émergent, ainsi que des os, à travers la toison maigre des ajoncs. On marche dans de la bruyère desséchée, blanchie comme une chevelure, et qui craque sous le pied comme de la neige durcie. Çà et là poussent des bouquets de roches et des mégalithes monstrueux, seule végétation dont s’accommode ce désert lamentable.

Cependant, derrière une butte, ils découvrirent quelques sapins artificiels qui unissaient leurs efforts pour se constituer en un petit bois. Armelle s’assit au sommet de cette hauteur. Claude mit les chevaux à l’attache et revint vers la jeune fille.

Il la contempla longuement avant de prendre place auprès d’elle, et il lui dit :

— Demain, Armelle, nous serons à Guérande… n’est-ce pas un peu triste de finir notre beau voyage ?