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ARMELLE ET CLAUDE

Armelle prit le bras de son compagnon et murmura :

— Oh ! Claude, si j’étais seule, je sais, je sais que j’éprouverais bien peu de chose.

Il répondit :

— Moi de même, et n’est-ce pas une grande douceur de savoir que notre rêve s’accomplit ? De ce que nous sommes ensemble, notre sensibilité s’affine au point qu’une évocation nous impressionne autant que la réalité.

— Oui, fit-elle si bas qu’il l’entendit à peine, seulement quand nous ne serons plus ensemble ?…

Ils s’assirent au pied de la pyramide. Et longtemps après, Armelle reprit :

— J’ai eu peur, Claude… mon émotion m’en rappelait d’autres analogues, éprouvées les rares fois où j’ai cru aimer… C’était la même félicité, le même effarement, et surtout, à la fin, la même angoisse de penser que cela ne se représenterait plus quand l’autre ne serait plus