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ARMELLE ET CLAUDE

dure mélancolique. C’est encore un temple clos où se célèbre la religion d’un héroïque passé.

Là Jean de Beaumanoir, capitaine français à Josselin, et Richard Bembro, gouverneur anglais de Ploërmel, ont amené chacun trente gentilshommes, des meilleurs. Et là, ils se sont rués les uns contre les autres, bardés de fer, hérissés de lances.

Avec une grande force les assaillit la vision certaine du combat.

— Est-ce spécial à nous, à quelques êtres, songea Claude à voix basse, cela qu’on pourrait appeler la sensation de ce qui fut ? On dirait que tout geste se sculpte dans l’air, d’autant plus exactement et durablement qu’il fut plus énergique et plus excessif. Nous sommes comme environnés de bas-reliefs où luttent les chevaliers, où se tordent les blessés et où les morts reposent.

Vers le couchant des arbres se massaient en un taillis lugubre et le rouge soleil, déchiré par la lame des rameaux, éventré par la pointe des tiges, saignait tragiquement.