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ARMELLE ET CLAUDE

uns la perdent par d’invisibles fissures, que d’autres, embarrassés d’herbes, la voilent, que d’autres, pleins de vase, la corrompent et l’alourdissent. Il n’en est que quelques-uns où elle demeure pure, transparente, adorablement claire.

— Et ceux-là, s’écria Claude, ivre d’être compris et de mieux comprendre, ceux-là qui reflètent le ciel et absorbent la lumière font ainsi partie de l’infini, tandis que les autres restent à l’écart, souillés, obscurcis ou vides… Oui, oui, ouvrons-nous au dehors, faisons en nous une grande place nette et propre, soyons comme des vases avides, et nous aurons une belle âme claire et profonde.

Ils ne dirent plus rien. Ils se voyaient en cet enclos de ruines, tous deux seuls. Et l’incompréhensible miracle leur apparaissait de leur rencontre à travers l’éternité et l’immensité, de leur entente, de leur sympathie. Ils étaient deux de ces petites parcelles conscientes, toutes perdues parmi les temps et les espaces, deux choses humbles, faibles,