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ARMELLE ET CLAUDE

Quoique l’ombre des ruines s’allongeât et assombrît le sol de la cour, une aussi lourde chaleur pesait. Le ciel était toujours d’un bleu violent. Pour le mieux voir, Armelle et Claude s’étendirent. Il descendait aux angles déchiquetés, traversait le trou des fenêtres et s’appuyait sur les créneaux des donjons. Et puis il montait, il montait indéfiniment, et leurs yeux s’enfonçaient avec lui vers les étoiles cachées.

— Le ciel n’est point vide, murmura Claude, mon esprit s’y heurte à de mystérieux contacts et l’emplit d’une mystérieuse essence. C’est la matière d’âme qui flotte à l’aventure, en quête de conscience.

— Je vois cela, dit Armelle, comme de l’eau précieuse que nous sommes tous en état de recueillir. Ne pensez-vous que l’on pourrait nous comparer à ces petits creux de rocher qui s’arrondissent au bord de la mer ? Ils sont tous de dimensions et de contours divers. Mais tous le flot les baigne également et à tous il laisse en se retirant un peu de son eau. Et voici que les