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ARMELLE ET CLAUDE

d’autres encore qui palpiteraient dans l’avenir, cet abîme béant que seul pourra combler l’entassement des vies futures. Claude s’écria :

— Quel hasard prodigieux de vivre à la même époque et quel miracle de se rencontrer ! On ne pense pas à cela. On le trouve tout naturel, et pourtant c’est un phénomène inouï. Deux amis se retrouvent en une ville étrangère. Ils s’en étonnent, s’en réjouissent. Mais qu’est ce hasard auprès du hasard de se rencontrer dans l’éternité et dans l’immensité ? Accordez à deux grains de sable voisins une conscience subite. Comme ils s’aimeront ! comme ils apprécieront l’étrangeté de leur contact ! Or ceux d’une même génération sont aussi perdus dans les siècles que deux grains de sable dans l’univers.

Il ajouta très bas :

— Le fait seul de vivre à la même époque devrait tous nous rapprocher, supprimer tout égoïsme et toute haine. Oh ! en vérité, c’est une chose attendrissante…