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ARMELLE ET CLAUDE

carrières rousses au flanc des collines.

Jusqu’au soir ils restèrent silencieux Ils ouvraient leur sens sur le dehors ainsi que des fenêtres, le corps veule, comme s’ils se fussent efforcés de n’opposer aucune résistance. À quoi ? ils ne savaient pas. C’était une impression, le désir qu’il n’y eût pas d’obstacle entre eux et ce qui se présenterait. Et le matin, après une nuit à l’auberge, ils se mirent en chemin du côté de l’Ouest, toujours graves et muets.

Mais le long du golfe du Morbihan, l’admirable pays de Sarzeau leur offrit ses plaines heureuses, ses vignes, ses bois de chênes verts, ses jardins de grenadiers, de lauriers et de myrtes, et ils étaient pleins d’allégresse quand ils aperçurent, non loin du rivage, les ruines énormes de Succinio, ossature lamentable et déchiquetée du château de Jean le Roux. Comme un coup intérieur, jusqu’à la fin du jour, ils sentirent le choc de l’extase, et une fièvre sourde précipitait les battements de leur cœur tandis qu’ils arrivaient au pied du géant.