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ARMELLE ET CLAUDE

nous devons multiplier contre nous-mêmes ? Suis-je maître du désir fugitif que peut m’inspirer votre corps ? Et si parfois ce désir naissait, en seriez-vous atteinte comme d’une souillure ? Non, Armelle, c’est chose secondaire qu’il est bon de surveiller, mais dont nous n’avons pas à rougir.

— Oh ! murmura la jeune fille, comme vous avez raison de parler !

Cela les mettait l’un devant l’autre en un état de foi robuste et de sérénité suprême, malgré la nature des pensées qu’ils énonçaient. Ils aspirèrent à d’autres aveux malaisés, tant les grisait cette volupté. Par la toute-puissance d’un mot loyal que d’obstacles s’écroulaient encore ! Et la vérité de la parole les frappa.

— Ne semble-t-il pas, dit Claude, qu’après un effort de belle sincérité l’on soit plus léger et plus pur ? C’est comme une délivrance. Il ne faut pas hésiter à dire les choses nécessaires. Le silence est trop vaste : on risque de s’y perdre. La parole trace des sentiers que suit l’âme.