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ARMELLE ET CLAUDE

Et la mer leur parut très mauvaise. Elle était jaune, comme mêlée de vase. Elle était verte, comme imprégnée de bile. Elle avait de longues rides sévères. Les noms bizarres des baies ou des trous rappellent le plus souvent sa férocité. Toutes les légendes l’accusent. Elle s’acharne contre la côte, la mord, l’effrite, la pétrit selon le caprice de sa méchanceté, ciselant des obélisques, sculptant des grottes qu’elle parachève dans le silence de ses invasions.

La veille de leur départ, les nuages se dissipant, Mlle de Rhuis résolut de se baigner. Ils se dirigèrent vers une grotte dont l’entrée pouvait se fermer à l’aide d’un peignoir. Armelle s’y retira. Claude descendit sur la petite plage de sable fin.

Il la parcourut deux ou trois fois, d’un pas hésitant, la canne hostile aux menus galets et aux coquillages, puis il s’éloigna parmi les rochers, remontant en biais du côté de la falaise. Une flaque d’eau l’arrêta qu’emprisonnaient des parois de pierre taillées en coupe de bénitier. Il y trempa le