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au courant de tout ce qui se fait et de tout ce qui se dit à la préfecture de police. Tant que Lenormand vous croira ses hommes, je suis maître de la situation. Et, dans l’hôtel, avez-vous découvert une piste quelconque ?

Jean Doudeville, l’aîné, répondit :

L’Anglaise, celle qui habitait en face de votre chambre actuelle, de l’autre côté du couloir, l’Anglaise est partie.

— Celle-la ne m’intéresse pas. J’ai mes renseignements. Mais son voisin, le major Parbury ?

Ils semblèrent embarrassés. Enfin l’un d’eux répondit :

— Ce matin, le major Parbury a commandé qu’on transportât ses bagages à la gare du Nord, pour le train de midi cinquante, et il est parti de son côté en automobile. Nous avons été au départ du train.

Le major n’est pas venu.

— Et les bagages ?

— Il les a fait reprendre à la gare.

— Par qui ?

— Par un commissionnaire.

— De sorte que sa trace est perdue ?

— Oui.

— Enfin ! s’écria joyeusement le prince.

Les autres le regardèrent, étonnés.

— Eh ! oui, dit-il… depuis que vous êtes dans cet hôtel à surveiller les gens qui habitent cet étage, vous n’avez rien découvert. Voilà un indice !

— Vous croyez ?

— Évidemment. L’assassinat de Chapman n’a pu être commis que dans une des chambres ce couloir. C’est là, chez un complice, que le meurtrier de M. Kesselbach avait conduit le secrétaire, c’est là qu’il l’a tué, c’est là qu’il a changé de vêtements, et c’est le complice qui, une fois l’assassin parti, a déposé le cadavre dans le couloir. Mais quel complice ? La manière dont disparaît le major Parbury tendrait à prouver qu’il n’est pas étranger à l’affaire. Vite, téléphonez la bonne nouvelle à M. Lenormand où à Gourel. Il faut qu’on soit au courant le plus vite possible à la préfecture.

Il leur fit encore quelques recommandations, concernant leur double rôle d’inspecteurs de la police au service du prince Sernine, et il retourna dans sa chambre.

Les deux hommes s’y trouvaient toujours.

— Mille excuses, docteur, dit-il à l’un eux. Je suis tout à toi. Comment va Pierre Leduc ?