Page:Leblanc - 813, paru dans Le Journal, du 5 mars au 24 mai 1910.djvu/79

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’une personne que je connais et qui les renseigne ?

— Oui.

— Comment s’appelle-t-elle ?

— Je ne sais pas.

— Cependant ils la désignaient entre eux sous un nom quelconque…

— Oui… mais…

— Était-ce une femme ?

— Oui.

— Anna, la bonne ?… ou bien Mlle Charlotte ?

— Non… non…

— Alors ?

L’enfant cherchait, faisait tous ses efforts pour se souvenir. Geneviève, penchée sur elle, répétait dans le grand silence.

— Alors ?… souviens-toi… tu ne te rappelles pas ?… Cherche bien…

— Ah ! voilà ! s’écria Germaine… oui, je me rappelle… Ils disaient « la vieille »… oui, c’est cela, « la vieille m’a prévenu »…

Geneviève murmure pensivement :

— La vieille… Qui cela peut-il bien être ?… Grand’mère, est-ce que tu sais toi ?… Il n’y a pas de vieille femme dans notre entourage… La couturière ? non, impossible…

Après une minute de réflexion, ne comprenant pas, elle se leva :

— Il est tard, ma petite Germaine, ta sœur doit être là… Ne lui parle de rien… et à ton frère Jules non plus. Dis donc, ton frère est mécanicien à Paris, n’est-ce pas ?

— Oui, mademoiselle, mais, en ce moment, il est chez nous, à Marnes.

— J’irai le voir demain matin… Surtout ne le préviens pas… Et sois tranquille, il ne sera pas question de toi…

Elle se dirigea vers la porte.

— Geneviève, cria Mme Ernemont.

— Quoi, grand’mère ?

— Eh bien, pour moi, c’est la couturière, il n’y a pas de doute…

— Tu crois ? Nous en causerons tout à l’heure… Monsieur, dit-elle au prince, je sais que vous n’aimez pas les remeriements. Mais puis-je espérer tout au moins que vous me donnerez l’occasion en revenant ici de vous prouver ma reconnaissance ?

Il promit de revenir le lendemain soir, à la même heure. Elle sortit avec l’enfant.

La vieille dame resta un instant debout, chancelante, la figure convulsée. Puis, soudain, elle se jeta sur le prince, le saisit