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La table était prête dans un petit salon situé par devant et près de la salle d’études.

Elles s’assirent et mangèrent tout en bavardant.

— Sais-tu à quoi je pense, grand’mère ?

— Ma foi…

— Je pense à cette pauvre dame que je vais aller revoir à la maison de retraite.

— Mme Kesselbach ?

— Oui. Tu ne t’imagines pas comme elle est triste ! Elle aimait beaucoup son mari. Et cette mort affreuse… Tu sais, on n’a encore rien découvert. J’ai lu le journal. Est-ce que tu trouves que M. Formerie est très intelligent ?

— Pourquoi cette question ?

— Dame ! Voilà bientôt une semaine qu’il a sous la main quatre complices de Lupin, et il n’est pas plus avancé qu’au premier jour.

— Qu’est-ce que tu veux ? Ils sont muets comme des carpes.

— On les fait causer ! Avec les moyens dont on dispose, on n’a même pas pu établir l’identité de Marco et de sa bonne. On s’empare d’un malade… il vous glisse entre les doigts, et l’on ignore son nom, les liens qui le rattachent à la bande, enfin tout ! Vraiment, ce que Lupin les roule !

— Tu as l’air de l’admirer, lui !

— Oh ! nullement. J’avoue, au contraire, que cela m’offusque de voir tout le bruit qu’on fait autour de lui. Je trouve cela profondément immoral. Rien qu’à son nom, on se pâme, comme s’il s’agissait d’un héros. C’est un Voleur, après tout, et de la