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Le lendemain matin, à neuf heures, le chef de la Sûreté, en revenant rue Demours, aperçut le juge d’instruction qui commençait son enquête par la loge.

M. Formerie paraissait gonflé de joie et d’importance, et il dit au chef, comme s’il lui apprenait un événement auquel M. Lenormand n’avait aucune part, mais auquel, lui, M. Formerie, avait contribué de toute sa puissance, il dit au chef :

— Lupin! Lupin est à nous! Vous ne vous doutez pas du tapage que ça fait ! On ne parle que de cela. Lupin arrêté ! Lupin en prison ! Quelle revanche pour moi !

Sans lui répondre, M. Lenormand questionna l’un des agents.

— Tout va bien ?

— Très bien, chef.

— Vous avez porté le café ce matin au brigadier Gourel ?

— Oui, mais…

— Comment ! mais c’était convenu !

— J’ai porté le café, chef ; seulement j’ai eu beau sonner, le brigadier Gourel ne m’a pas répondu.

— Impossible, voyons, je connais Gourel…

— Il s’est peut-être endormi, remarqua le juge d’instruction.

M. Lenormand haussa les épaules et courut jusqu’à la porte du rez-de-chaussée. Il avait eu soin, la veille au soir, d’en prendre la clef au trousseau de la vieille bonne.

Accompagné de M. Formerie, il entra précipitamment, et, tout de suite, par le couloir de service, il passa dans la chambre du malade.

Il s’arrêta net, cloué au seuil.

— Ah! s’écria M. Formerie celle-là est raide ! Ah ! par exemple !

Le lit était vidé.

Sur une chaise, courbé en deux, la tête entre ses genoux, Gourel dormait.

Ce fut la revanche de M. Formerie. Revenu de sa stupeur, il s’exclama :