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Quel était le sens de ces trois chiffres ? Était-ce un mot d’ordre ? Était-ce la clef d’un langage secret, adopté par des gens qui correspondent entre eux ? Fallait-il le traduire par des lettres équivalentes ?

Questions insolubles, et qu’il n’agitait que par obsession, malgré lui. Mais quelque chose du moins était positif, palpable, susceptible d’une explication logique et immédiate : c’était la présence de ce malade dans le logis de Marco.

Qu’y faisait-il ? Était-ce un complice, ou un prisonnier ?

M. Lenormand passa dans le chambre du malade.

Un docteur voisin, que l’on était allé chercher en toute hâte, achevait de l’examiner.

— Eh bien, docteur, lui demanda le chef, qu’en dites-vous ?

— J’en dis ce que je dis depuis deux jours !

— Depuis deux jours ?

— Ma foi, oui, c’est avant-hier que mon voisin, M. Marc Dalis, m’a envoyé chercher pour soigner un de ses amis, arrivé chez lui du matin même, disait-il, et c’est la troisième fois que je viens.

— Alors, cette ordonnance est de vous, docteur ?

— Oui.

— Et ce M. Marc Dalis assistait à vos visites ?

— Oui, ainsi qu’un autre monsieur.

— Et ces deux personnes semblaient s’intéresser beaucoup à la santé du malade ?

— Énormément. Ils me suppliaient de faire l’impossible pour le sauver.

— Il est donc en péril ?

— Oui et non. Il a une affection cardiaque avancée… et des poumons déplorables. Un dénouement subit est à craindre, de même qu’il peut traîner encore quelques semaines… et qui sait ! survivre à son mal. Le salut pour lui serait le changement d’air… la montagne… et surtout le changement d’existence, hors de Paris… le repos.

— Il demeure donc à Paris ?

— Oui et il y mène une vie de dissipation, se livrant à la débauche et à la boisson. M. Dalis m’a dit l’avoir retrouvé ivre-mort dans un des bouges les plus mal famés de la Villette.

M. Lenormand tressaillit, frappé d’une idée, et il reprit :

— Vous n’en savez pas davantage, docteur ?

— Non.

— Le malade n’a pas eu l’occasion de vous parler en tête à tête ?

— Non. D’ailleurs, ce n’eût été que des paroles de délire. La fièvre était trop forte.