Page:Leblanc - 813, paru dans Le Journal, du 5 mars au 24 mai 1910.djvu/437

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

se l’imagina. Rêvait-il ? Était-il éveillé ? Il se le demandait désespérément.

Un bruit encore…

On prenait la boîte d’allumettes, à côté de lui

— Je vais donc y voir, se dit-il avec une grande joie.

Une allumette craqua. La bougie fut allumée.

Des pieds à la tête, Lupin sentit la sueur qui coulait sur sa peau, en même temps que son cœur s’arrêtait de battre, suspendu d’effroi. L’homme était là !

Était-ce possible ? non, non… Et pourtant, il voyait… Oh ! l’épouvantable spectacle !… L’homme, le monstre, était là !

— Je ne veux pas… je ne veux pas… balbutia Lupin affolé.

L’homme, le monstre était là, vêtu de noir, un masque sur le visage. un chapeau mou rabattu sur ses cheveux blonds.

— Oh ! je rêve… je rêve, dit Lupin en riant… c’est un cauchemar…

De toute sa force, de toute sa volonté, il voulut faire un geste, un seul, qui chassât le fantôme.

Il ne le put pas.

Et tout à coup, il se souvint : la tasse de café ! le goût de ce breuvage… pareil au goût du café qu’il avait bu a Veldenz…

Il poussa un cri, fit un dernier effort et retomba, épuisé.

Mais dans son délire il sentait que l’homme dégageait le haut de sa chemise, mettait la gorge à nu et levait le bras, et il vit que la main se crispait au manche d’un poignard d’acier semblable à celui qui avait frappé M. Kesselbach, Chapman, Altenheim et tant d’autres…


IV


Quelques heures plus tard, Lupin s’éveilla, brisé de fatigue, la bouche amère.

Il resta plusieurs minutes à rassembler ses idées, et soudain, se rappelant, eut un mouvement de défense instinctif, comme si on l’attaquait.

— Imbécile que je suis, s’écria-t-il en