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— Toutes mes excuses, mon brave Auguste, c’est un petit divertissement auquel M. Lenormand se livre… Vous avez trop bon caractère pour n’en pas rire avec nous…

Le procureur général et le préfet de police riaient peut-être. Mais M. Lenormand ne se départait pas de son ordinaire gravité

Il dit quelques mots à Gourel, qui sortit. Puis, à Dieusy tout haut :

— Ouvre l’œil, mon petit, au moindre geste, tu l’empoignes.

Il revint ensuite à Valenglay :

— Monsieur le président, je vous demanderai deux ou trois minutes d’attention… Asseyez-vous, je vous en prie, monsieur le président… Vous me permettez d’entr’ouvrir la fenêtre… Il fait un peu chaud… Je vous remercie, monsieur le président… Maintenant voici en quelques mots… Depuis un an que, grâce à vous, j’occupe mon poste, le hasard… et mes recherches, m’ont fourni sur Lupin et sur l’ancienne organisation de sa bande des renseignements que je n’ai guère pris la peine d’examiner puisque Lupin se tenait tranquille, mais que j’ai vérifiés et complétés depuis l’affaire du Palace-Hôtel, depuis que Lupin a repris l’offensive.

Valenglay, s’était assis, dominé par le calme de M. Lenormand. Celui-ci continua :

— Il résulte de ces renseignements indiscutables que la bande de Lupin se composait… se compose, par conséquent, de deux éléments. D’abord, les complices actifs, en petit nombre ceux-là, quinze ou vingt peut-être. Ce sont les lieutenants de Lupin… Ils voyagent… ils agissent… ils exécutent… ils donnent de leur personne. Lupin leur confie, ou, du moins, affecte de leur confier, ses desseins les plus secrets. Il partage avec eux l’argent volé, le butin, dans une proportion que l’on suppose d’un quart pour eux et de trois quarts pour lui. Bref, ce sont des associés. Marco est du nombre, autant qu’on peut le présumer.

— Auguste aussi, sans doute ? ricana Valenglay. Auguste qui ne quitte pour ainsi dire pas la présidence, qui couche ici…

— Monsieur le président, puis-je appeler le second huissier, qui se trouve dans la salle d’attente ?

Valenglay sonna. L’huissier vint.

— Nous aurions besoin d’un renseignement, lui dit le chef de la Sûreté. Vous étiez de service tous les jours de cette semaine ?

— Oui, monsieur, tous les jours.

— Vous n’avez pas eu congé mardi après-midi ?

— Non.

— Et vous, Auguste ? dit-il au chef des huissiers.

— Moi, non plus.

— Mais, si, reprit l’autre, rappelle-toi,