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Il s’approcha de la fenêtre, vit une échelle appuyée au balcon et murmura :

— Enlevée… enlevée… Louis de Malreich… Ah ! le misérable…


III


Il réfléchit une minute, tout en s’efforçant de dominer son angoisse, et se dit que, après tout, comme Mme Kesselbach ne semblait courir aucun danger immédiat, il n’y avait pas lieu de s’alarmer.

Mais une rage soudaine le secoua, et il se précipita sur les bandits, distribua quelques coups de botte aux blessés qui s’agitaient, chercha et reprit ses billets de banque, puis bâillonna des bouches, lia des mains, avec tout ce qu’il trouva, cordons de rideaux, embrasses, couvertures et draps réduits en bandelettes, et, finalement. aligna sur le tapis, devant le canapé, sept paquets humains, serrés les uns contre les autres, et ficelés comme des colis.

— Brochette de momies sur canapé, ricana-t-il… Mets succulent pour amateur ! Tas d’idiots, comment avez-vous fait votre compte ? Vous voilà comme des noyés à la Morgue… Mais aussi on s’attaque à Lupin, à Lupin, défenseur de la veuve et de l’orphelin !… Vous tremblez. Faut pas, les agneaux ! Lupin n’a jamais fait de mal à une mouche… Seulement, Lupin est un honnête homme qui n’aime pas la fripouille, et Lupin connaît ses devoirs. Voyons, est-ce qu’on peut vivre avec des chenapans comme vous ? Alors quoi ? plus de respect pour la vie du prochain ? plus de respect pour le bien d’autrui ? plus de lois ? plus de société ? plus de conscience ? plus rien ? Où allons-nous, Seigneur, où allons-nous ?

Sans même prendre la peine de les enfermer, il sortit de la chambre, gagna la rue, et marcha jusqu’à ce qu’il eût rejoint son taxi-auto. Il envoya le chauffeur à la recherche d’une autre automobile et ramena les deux voitures devant la maison de Mme Kesselbach.

Un bon pourboire, donné d’avance, évita les explications oiseuses. Avec l’aide des