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— Que Sa Majesté veuille bien ouvrir elle-même, Les lettres qu’elle m’a donné mission de chercher sont là.

L’empereur souleva le couvercle, et parut très étonné.

La cassette était vide.


IV


La cassette était vide !

Ce fut un coup de théâtre énorme imprévu. Après le succès des calculs effectués par Lupin, après la découverte si ingénieuse du secret de l’horloge, l’empereur, pour qui la réussite finale ne faisait plus de doute, semblait confondu.

En face de lui, Lupin, blême, les mâchoires contractées, l’œil injecté de sang, grinçait de rage et de haine impuissante.

Il essuya son front couvert de sueur, puis saisit vivement la cassette, la retourna, l’examina, comme s’il espérait trouver un double fond. Enfin, pour plus de certitude, dans un accès de fureur, il l’écrasa d’une étreinte irrésistible.

Cela le soulagea. Il respira plus à l’aise.

L’empereur lui dit :

— Qui a fait cela ?

— Toujours le même sire, celui qui poursuit la même route que moi et qui marche vers le même but, l’assassin de M. Kesselbach.

— Quand ?

— Cette nuit. Ah ! sire, que ne m’avez-vous laissé libre au sortir de prison ! Libre, j’arrivais ici sans perdre une heure. J’arrivais avant lui ! Avant lui je donnais de l’or à Isilda ! Avant lui, je lisais le journal de Malreich, le vieux domestique français !

— Vous croyez donc que c’est par les révélations de ce journal ?…

— Eh ! oui, sire, il a eu le temps de les lire, lui. Et, dans l’ombre, je ne sais où ! renseigné sur tous nos geste, je ne sais par qui ! il m’a fait endormir, afin de se débarrasser de moi, cette nuit.

— Mais le palais était gardé.