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le tour par en bas. Moi, je la chasse par le couloir.

Mais elle avait clos la porte sur elle et poussé un verrou. Il dut redescendre et longer les communs avec les autres, en quête d’un escalier qui le ramenât au premier étage.

Des appels retentirent, qui venaient du rez-de-chaussée, vers l’aile droite. Ils s’élancèrent. C’était une des femmes d’officier qui leur faisait signe, au bout du couloir, et qui leur raconta que la jeune fille devait être chez elle.

— Comment le savez-vous ? demanda Lupin.

— J’ai voulu entrer dans ma chambre. La porte était fermée, et j’ai entendu bruit.

Lupin, en, effet, ne put ouvrir.

— La fenêtre, s’écria-t-il, il doit y avoir une fenêtre.

On le conduisit dehors, et tout de suite, prenant le sabre du comte, d’un coup», il cassa la vitre.

Puis, soutenu par deux hommes, il s’accrocha au mur, passa le bras, tourna l’espagnolette et tomba dans la chambre.

Accroupie devant la cheminée, Isilda lui apparut au milieu des flammes.

— Oh ! la misérable ! proféra Lupin, elle l’a jeté au feu !

Il la repoussa brutalement, voulut prendre le livre, et se brûla les mains. Alors, à l’aide des pincettes, il attira le livre hors du foyer et le recouvrit avec le tapis de la table pour étouffer les flammes.

Mais il était trop tard. Les pages du vieux manuscrit, toutes consumées tombèrent en cendres.


III


Lupin regarda longuement la jeune fille. Le comte dit :

— On croirait qu’elle sait ce qu’elle fait.

— Non, non, elle ne le sait pas. Seulement son grand-père a dû lui confier ce livre comme un trésor, un trésor que personne ne devait contempler, et dans son