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le lire, l’article qu’il va recevoir d’un moment à l’autre.

Lupin tendit la lettre, le cœur serré, la main tremblante. Si l’empereur la prenait, c’était la marque de son acceptation.

L’empereur hésita, puis, d’un geste brusque, il prit la lettre, remit son chapeau, s’enveloppa dans son vêtement et sortit sans un mot.

Lupin demeura quelques secondes chancelant, comme étourdi…

Puis, tout à coup, il tomba sur sa chaise en criant de joie et d’orgueil…


IV


— Monsieur le juge d’instruction, c’est aujourd’hui que j’ai le regret de vous faire mes adieux.

— Comment, monsieur Lupin, vous avez donc l’intention de nous quitter ?

— À contre-cœur, monsieur le juge d’instruction, soyez-en sûr car nos relations étaient d’une cordialité charmante. Mais il n’y a pas de plaisir sans fin. Ma cure à Santé-Palace est terminée. D’autres devoirs me réclament. Il faut que je m’évade cette nuit.

— Bonne chance donc, monsieur Lupin.

— Je vous remercie, monsieur le juge d’instruction. À la prochaine fois. car j’espère bien que nous aurons le plaisir de nous revoir. Ah ! surtout, déposez mes hommages aux pieds de Mme Formerie, et veuillez lui dire qu’elle me garde son premier cotillon.

— Je n’y manquerai pas.

Ses adieux faits, Lupin attendit patiemment l’heure de son évasion, non sans se demander comment elle s’effectuerait, et par quels moyens la France et l’Allemagne, réunies pour cette œuvre méritoire, arriveraient à la réaliser sans trop de scandale.

Puis il prépara ses plans. Comptant sur une évasion nocturne, il se promit quelques bonnes heures de sommeil dans des draps de toile fine. Dès le lendemain il s’arrangerait pour voir de loin, hélas ! Ge-