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M. Lenormand la trouva dans un des salons, terrassée, sans larmes, mais le visage tordu de douleur, et le corps tout tremblant comme agité par des frissons de fièvre.

C’était une femme assez grande, brune, dont les yeux noirs, d’une grande beauté, étaient chargés d’or, de petits points d’or, pareils à des paillettes qui brillent dans l’ombre. Son mari l’avait connue en Hollande, où Dolorès était née d’une vieille famille d’origine espagnole, les Amonti. Tout de suite, il l’avait aimée, et, depuis quatre ans, leur accord, fait de tendresse et de dévouement, ne s’était pas démenti.

M. Lenormand se présenta. Elle le regarda sans répondre, et il se tut, car elle n’avait pas l’air, dans sa stupeur, de comprendre ce qu’il disait.

Puis, tout à coup, elle se mit à pleurer abondamment et demanda qu’on la conduisit auprès de son mari.

Dans le hall, M. Lenormand trouva Gourel, qui le cherchait, et qui lui tendit précipitamment un chapeau qu’il tenait à la main.

— Patron, j’ai ramassé ça… Pas d’erreur sur la provenance, hein ?

C’était un chapeau mou, un feutre noir, semblable par conséquent au signalement donné. À l’intérieur, il n’y avait pas de coiffe, pas d’étiquette. Un cheveu blond, seulement, que M. Lenormand recueillit.

— Où l’as-tu ramassé ?

— Sur le palier de l’escalier de service, au second.

— Aux autres étages, rien ?

— Rien. Nous avons tout fouillé. Il n’y a plus que le premier. Et ce chapeau prouve que l’homme est descendu jusque-là. Nous brûlons, patron.

— Je le crois.

Au bas de l’escalier, M. Lenormand s’arrêta.

— Rejoins le commissaire et donne-lui la consigne : deux hommes au bas de chacun des quatre escaliers, revolver au poing. Et qu’on tire s’il le faut. Comprends ceci, Gourel : si Chapman n’est pas sauvé et si