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III


— Tu entends ? dit Sernine après quelques secondes.

— Oui… Oui… fit Altenheim en se levant.

Des coups retentissaient à la grille. Sernine prononça :

— Même pas les sommations d’usage… aucun préliminaire… Tu es toujours décidé ?

— Plus que jamais.

— Tu sais qu’avec les instruments qu’ils ont, il n’y en a pas pour longtemps ?

— Ils seraient dans cette pièce que je te refuserais.

La grille céda. On entendit le grincement des gonds.

— Se laisser pincer, reprit Sernine, je l’admets, mais qu’on tende soi-même les mains aux menottes, c’est trop bête. Voyons ne t’entête pas. Parle, et file.

— Et toi ?

— Moi, je reste. Qu’ai-je à craindre ?

— Regarde.

Le baron lui désignait une fente à travers les volets. Sernine y appliqua son œil et recula avec un sursaut :

— Ah ! bandit, toi aussi, tu m’as dénoncé ! Ce n’est pas dix hommes c’est cinquante, cent, deux cents hommes que Weber amène…

Le baron riait franchement.

— Et s’il y en a tant, c’est qu’il s’agit de Lupin, évidemment ? Une demi-douzaine suffisaient pour moi.

— Une lettre que tu as écrite au préfet de police, n’est-ce pas ?

— Oui.

— Quelle preuve as-tu donnée ?

— Ton nom… Paul Sernine, c’est-à-dire Arsène Lupin.

— Et tu as découvert ça tout seul, toi ?… ce à quoi personne n’a jamais pensé ? Allons donc, c’est l’autre, avoue-le.

Il regardait par la fente. Des nuées d’agents se répandaient autour de la villa, et ce fut à la porte maintenant que des coups résonnèrent.