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Mme Kesselbach, s’attachant à lui avec désespoir.

— Oh ! fit—il, comme aveuglé de lumière, tout s’explique…

— Parlez, mais parlez donc…

Il les repoussa tous deux, marcha jusqu’aux fenêtres en titubant, puis revint sur ses pas, et se jetant sur le chef de la Sûreté :

— Monsieur, monsieur… l’assassin de Rudolf, je vais vous le dire…Eh bien…


Chapitre Deuxième

M. Lenormand succombe

I


Il s’interrompit.

— Eh bien ?… firent les autres.

Une minute de silence… Dans la grande paix du bureau, entre ces murs qui avaient entendu tant de confessions, tant d’accusations, le nom de l’abominable criminel allait-il résonner ? Il semblait à M. Lenormand qu’il était au bord de l’abîme insondable, et qu’une voix montait, montait jusqu’à lui… Quelques secondes encore et il saurait…

— Non, murmura Steinweg, non, je ne peux pas…

— Qu’est-ce que vous dîtes ? s’écria le chef de la Sûreté, furieux.

— Je dis que je ne peux pas.

— Mais vous n’avez pas le droit de vous taire ! La justice exige.

— Demain… je parlerai demain… il faut que je réfléchisse… Demain je vous dirai tout ce que je sais sur Pierre Leduc… tout ce que je suppose à propos de cet étui… Demain, je vous le promets…

On sentait en lui cette sort d’obstination à laquelle se heurtent vainement les efforts les plus énergiques. M. Lenormand céda.

— Soit. Je vous donne jusqu’à demain, mais je vous avertis que si demain vous ne parlez pas, je serai obligé d’avertir le juge d’instruction.

Il sonna et, prenant Dieusy à part :

— Accompagne-le jusqu’à son hôtel… et