Page:Leblanc - 813, paru dans Le Journal, du 5 mars au 24 mai 1910.djvu/120

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Aujourd’hui vous voyez mon plan de bataille. D’un côté, je tends des pièges où l’assassin finira par se prendre : Pierre Leduc ou Steinweg me le livreront un jour. De l’autre côté je rôde autour de Lupin. Deux de ses agents sont à ma solde, et il les croît ses plus dévoués collaborateurs puisqu’il les a placés auprès de Pierre Leduc. En outre, il travaille pour moi, puisqu’il poursuit comme moi l’auteur du triple assassinat. Seulement, il s’imagine me rouler, et c’est moi qui le roule. Donc, je réussirai, mais à condition…

— Laquelle ?

— C’est que j’aie les coudées franches, et que je puisse agir selon les nécessités du moment sans me soucier du public qui s’impatiente et de mes chefs qui intriguent contre moi.

— C’est convenu.

— En ce cas, monsieur le président, tout sera réglé d’ici quarante-huit heures… Sinon, c’est que je serai mort.


II


À Saint-Cloud. Une petite ville située sur l’un des points les plus élevés du plateau, le long d’un chemin peu fréquenté.

Il est onze heures du soir. M. Lenormand a laissé son automobile à Saint-Cloud, et, suivant le chemin avec précaution, il s’approche.

Une ombre se détache.

— C’est toi, Gourel ?

— Oui, chef.

— Tu as prévenu les frères Doudeville de mon arrivée ?

— 0ui, votre chambre est prête, vous pouvez vous coucher et dormir… à moins qu’on n’essaie d’enlever Pierre Leduc cette nuit, ce qui ne m’étonnerait pas, étant donné le manège de l’individu que les Doudeville ont aperçu.

Ils franchirent le jardin, entrèrent doucement et montèrent au premier étage. Les deux frères Jacques et Jean Doudeville étaient là.