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“813”

— La vie de l’homme que je serai, de l’homme qui travaillera pour qu’elle soit heureuse, pour qu’elle se marie selon ses goûts. On s’installera dans quelque coin du monde. On luttera ensemble, l’un près de l’autre. Et tu sais ce dont je suis capable…

Elle répéta lentement, les yeux fixés sur lui :

— Alors, vraiment, tu veux qu’elle partage la vie de Lupin ?

Il hésita une seconde, à peine une seconde et affirma nettement :

— Oui, oui, je le veux, c’est mon droit…

— Tu veux qu’elle abandonne tous les enfants auxquels elle s’est dévouée, toute cette existence de travail qu’elle aime et qui lui est nécessaire ?

— Oui, je le veux, c’est son devoir.

La vieille femme ouvrit la fenêtre et dit :

— En ce cas, appelle-la.

Geneviève était dans le jardin, assise sur un banc. Quatre petites filles se pressaient autour d’elle. D’autres jouaient et couraient.

Il la voyait de face. Il voyait ses yeux souriants et graves. Une fleur à la main, elle détachait un à un les pétales et donnait des explications aux enfants attentives et curieuses. Puis elle les interrogeait. Et chaque réponse valait à l’élève la récompense d’un baiser.

Lupin la regarda longtemps avec une émotion et une angoisse infinies. Tout un levain de sentiments ignorés fermentait en lui. Il avait une envie de serrer cette belle jeune fille contre lui, de l’embrasser, et de lui dire son