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preuves irrécusables. Le doute n’est pas possible. C’est elle…

Il s’interrompit. Valenglay ne paraissait pas comprendre.

— Mais, voyons, monsieur le Président, il faut sauver Malreich… Pensez donc… une erreur judiciaire !… la tête d’un innocent qui tombe !… Donnez des ordres… un supplément d’information… est-ce que je sais ?… Mais vite, le temps presse.

Valenglay le regarda attentivement, puis s’approcha d’une table, prit un journal et le lui tendit, en soulignant du doigt un article.

Lupin jeta les yeux sur le titre et lut :

L’exécution du monstre. Ce matin, Louis de Malreich a subi le dernier supplice…

Il n’acheva pas. Assommé, anéanti, il s’écroula dans un fauteuil avec un gémissement de désespoir.

Combien de temps resta-t-il ainsi ? Quand il se retrouva dehors, il n’en aurait su rien dire. Il se souvenait d’un grand silence, puis il revoyait Valenglay incliné sur lui et l’aspergeant d’eau froide, et il se rappelait surtout la voix sourde du Président qui chuchotait :

— Écoutez… il ne faut rien dire de cela, n’est-ce pas ? Innocent, ça se peut, je ne dis pas le contraire… Mais à quoi bon des révélations ? un scandale ? Une erreur judiciaire peut avoir de grosses conséquences. Est-ce bien la peine ? Une réhabilitation ? Pour quoi faire ? Il n’a même pas été condamné sous son nom. C’est le nom de Malreich qui est voué à l’exécration