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Alors il lui sembla que Dolorès devenait plus lointaine, et que l’homme noir, cette fois, était bien là, à côté de lui, en ses habits sombres, en son déguisement d’assassin.

Il osa le toucher, et palpa ses vêtements.

Dans une poche intérieure, il y avait deux portefeuilles. Il prit l’un d’eux et l’ouvrit.

Il trouva d’abord une lettre signée de Steinweg, le vieil Allemand.

Elle contenait ces lignes :

« Si je meurs avant d’avoir pu révéler le terrible secret, que l’on sache ceci : l’assassin de mon ami Kesselbach est sa femme, de son vrai nom Dolorès de Malreich, sœur d’Altenheim et sœur d’Isilda. »

« Les initiales L et M se rapportent à elle. Jamais, dans l’intimité, Kesselbach n’appelait sa femme Dolorès qui est un nom de douleur et de deuil, mais Lætitia, qui veut dire joie. L et M — Lætitia de Malreich — telles étaient les initiales inscrites sur tous les cadeaux qu’il lui donnait, par exemple sur le porte-cigarettes trouvé au Palace-Hôtel, et qui appartenait à Mme Kesselbach. Elle avait contracté, en voyage, l’habitude de fumer.

« Lætitia ! elle fut bien en effet sa joie pendant quatre ans, quatre ans de mensonges et d’hypocrisie, où elle préparait la mort de celui qui l’aimait avec tant de bonté et de confiance.

« Peut-être aurais-je dû parler tout de suite. Je n’en ai pas eu le courage, en souvenir de mon vieil ami Kesselbach, dont elle portait le nom.

« Et puis j’avais peur… Le jour où je l’ai